say a prayer, say your last goodbyes

Ça m’avait pris d’un coup, en pleine nuit. Assise là, dans mon hamac, j’avais décidé qu’il était temps de faire quelque chose, de prendre la situation en main. Il fallait que j’agisse. Depuis notre discussion avec Serenity, je savais que d’autres choses s’étaient passées et qu’elle me les cachait pour ne pas me faire souffrir. Mais son comportement étrange ne pouvait pas me tromper, pas moi. Et j'avais beau lui avoir fait la promesse de ne rien faire d'idiot, cette situation ne pouvait plus durer. J'étais incapable de la protéger ici mais je pouvais toujours me rendre jusqu'à la source de tous nos maux et l'exterminer. Alors me voilà debout devant les portes du Labyrinthe ouvrant sur le bloc des garçons, les bras ballants, immobile. Seul mon regard glisse sur les alentours, hagard, perdu. Le trajet jusqu’ici est rendu flou dans ma mémoire, je ne sais pas comment j’ai réussi à surmonter ma peur et à m’engouffrer dans cet horrible endroit, mais je l’ai fait. Pour Serenity. Le seul problème dans mon plan « extermination de la vermine » c’est que je n’ai aucune idée d’à quoi il ressemble. M’élançant donc calmement vers le campement, je prends soin de demander avec un petit sourire, histoire de ne pas paraître suspecte, à quiconque croise mon chemin où ce Vynn peut bien être. Les blocards ne semblent pas très coopératifs ici et aucun n'est capable de me dire où il est. Le moral dans les chaussettes, je commence à me dire que tout est peine perdue mais au bout d’une bonne de dizaine de minutes à le chercher, je finis enfin par lui tomber dessus. Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine alors que j'observe ce dos qui me fait face. Je porte vivement la main à ma poche pour vérifier la présence de mon canif dans celle-ci et le serre avec force entre mes doigts. Serais-je capable de faire ce pour quoi j’étais venue ici ? J’inspire et j’expire plusieurs fois, silencieusement, avant de m'approcher presque sur la pointe des pieds et de lui taper sur l’épaule du bout des doigts. Lui lançant un sourire charmeur alors qu'il se retourne, je penche la tête sur le côté, les mains croisées dans le dos. « C’est toi Vynn ? »

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Vynn s’était éloigné du camp pour aller dans le cimetière, c’était l’endroit où parfois il venait enterrer les corps des blocards morts suite à une maladie, une blessure ou à cause du labyrinthe n’ayant pas eu le temps de rentrer avant la fermeture des portes et tués par les griffeurs. Il observe l’endroit en se demandant si lui aussi va finir ici. C’est quelque chose qui risque d’arrive s’il ne trouve pas un moyen de sortir de ce trou à rats. S’il ne meurt pas d’une blessure ou à cause du labyrinthe il va finir par crever d’ennui pour sûr. Il soupire avant d’entendre des pas mais ne se retourne pas tout de suite, la personne qui vient le déranger va forcément se manifester. C’est chose faite puisque on lui tapote l’épaule, et lorsqu’il se retourne, il aperçoit une jeune blocarde. Une fille ? Que lui veut-elle pour venir le voir personnellement ? D’habitude les filles ne viennent pas le chercher. Mais il est vrai qu’il s’attendait à une visite de Sere, il est déçu. La jeune fille lui demande s’il est bien Vynn. Il la toise des pieds à la tête se demandant s’il la déjà vu et hausse les sourcils. « C’est bien moi, et tu es? » il lui demande après un long silence. Qu'est ce que cette jolie demoiselle lui voulait avec son petit sourire suspect ? Il restait sceptique.

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C’est donc bien lui… Vynn. Je dois avouer qu’il est vachement imposant quand même, je me sens presque minuscule à côté de lui. Je maîtrise avec brio un tressautement nerveux au coin de ma bouche en le déguisant en un grand sourire accompagné d’un petit gloussement. Je ne regrette pas d’avoir décidé de jouer le rôle de la fille innocente qui est là dans le seul but de l’aguicher un peu et faire plus ample connaissance. Si je m’étais précipitée tout de suite à son cou pour l’égorger comme j’ai l’habitude de le faire avec le bétail, il m’aurait juste jetée par terre sans le moindre effort. Au moins, avec ma petite comédie, il allait sûrement baisser sa garde et je pourrais me débarrasser de lui sans souci. Je l’espère du moins. « Crystal. » D’un geste tout à fait calculé, je passe les doigts dans mes cheveux en sortant légèrement la poitrine. Ce type étant un gros obsédé psychopathe, ça ne devrait pas le laisser indifférent. « Je sais que ça peut paraître bizarre de me voir débarquer comme ça mais… » Je me mords la lèvre, feignant l’embarras et glisse délicatement une mèche de cheveux derrière mon oreille. « Je t’ai remarqué une ou deux fois et ça m’a donné envie de plus te connaître. » Je fais tout mon possible pour cacher mes véritables émotions et à la place d’une mine répugnée, mon visage arbore des joues rosées et une moue gênée. Prenant sur moi pour exécuter la suite de mon plan qui consiste à avoir un contact physique minime avec lui, lui toucher innocemment le bras dans mon cas, je décroise mes jambes afin de m'avancer doucement mais je n'ai même pas fais un pas que je trébuche sur mon propre pied. Je m'accroche au premier truc qui me passe sous la main pour ne pas m'étaler méchamment sur le sol et, avec horreur, je me rends compte que je suis étalée dans les bras de Vynn. Un frisson de dégoût me parcourt et je bégaye quelques mots d'excuse en prenant appui sur son torse pour m'éloigner, les joues rouges d'embarras. Quelle quiche franchement ! Enfin là au moins c'est sûr, y a du contact...

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Crystal qu’elle disait s’appeler. La jeune fille devant lui, totale inconnue pour Vynn était assez suspecte. Du moins il savait son prénom maintenant. Mais il se demandait toujours ce qu’elle lui voulait pour venir le chercher jusque dans le cimetière. Elle ne cesse de se toucher les cheveux et il voit clair dans son jeu. Elle essaie de le séduire. Ça le fait sourire intérieurement, et il la laisse faire tout en restant de marbre devant ses tentatives. Elle commence à s’expliquer, lui disant qu’elle l’avait remarqué et qu’elle avait envie de le connaître. Intéressant. Mais que voulait-elle exactement ? Il n’était pas sûr d’accepter ses avances. Du moins, c’est ce qu’il se disait jusqu’à ce qu’elle fasse un pas vers lui, trébuche et ne lui tombe dans les bras, comme par magie. Si elle l’avait fait exprès, il pouvait la féliciter. Elle rougit en se redressant et en s’excusant, alors il sourit. Bah alors ? Pourquoi est-ce qu’elle n’en a pas profité d’être dans ses bras pour continuer son petit jeu? Il l’a vu ce regard étrange qu’elle lui a lancé en atterrissant dans ses bras, qui na duré que quelques secondes mais pourtant, il l’a remarqué. Il y a clairement quelque chose qui cloche chez cette fille, mais il ne sait pas encore de quoi il s’agit. Alors il décide de jouer le jeu, avec un petit sourire amusé. « Je ne sais pas si tu devrais essayer de me connaître, je pourrais te dévorer toute crue.. » Il rit doucement comme s’il racontait une blague, même s’il est sérieux et qu’il y a une légère menace dans son ton.

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Fixant le bout de mes pieds, j’essaye de retrouver un semblant de contenance. Je me racle la gorge, le visage rouge de honte. Pour la crédibilité, on peut repasser… Mon petit problème d’équilibre avait choisi le pire moment pour se manifester, vraiment. J’allais devoir passer des heures dans l’étang pour m’enlever cette impression dégoûtante que je ressens après ce contact. Me torturant l’intérieur de la joue avec mes dents, je relève la tête quand je l’entends parler. Il n’a pas besoin de me prévenir, je sais bien que je ne devrais pas essayer de le connaître et, franchement, je n’en ai aucune envie. Mais c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour pouvoir l’approcher sans paraître trop suspecte et pourtant, il n’a pas l’air très emballé par mon jeu d’actrice. J’aurai peut-être dû m’entraîner avant mais là, ça aurait été Serenity qui m’aurait trouvé bizarre… Si seulement j’avais pu tout dire à quelqu’un, comme Amalia ou Devon par exemple, elles auraient su gérer la situation d’une poigne de fer. Les yeux fixés sur son visage, je me contiens pour ne pas le gifler, même son sourire me sort par les yeux. « Pourquoi je ne devrais pas ? Tu n’as pas l’air bien méchant, si tu veux mon avis. » Un nouveau sourire fleurit sur mes lèvres alors que je laisse mon regard glisser sur lui avant de le planter dans ses yeux. « Et même si, tu ne pourrais pas me dévorer toute crue comme tu dis, je suis pleine de ressources, je sais me défendre. » Que ce soit un couteau ou une pelle dans mes mains, quand il faut frapper, je frappe. Mais je me flagelle intérieurement pour avoir osé le provoquer si tôt dans mon plan. Ce n’était pas prévu, il fallait que j’ai l’air assez innocente pour qu’il ne s’imagine pas que je puisse être assez folle pour essayer de le tuer. Mais je me laisse facilement emporter par mes sentiments et c’est évident que je ne ressens pas une joie intense à être là avec lui, ce qui fout un peu tout ce que je voulais faire à l’eau. Je réprime ma colère et mon envie de l’étriper, difficilement, et lui lance un petit clin d’œil. « Mais si tu veux pas qu’on apprenne à se connaître… C’est peut-être parce que c’est toi qui a peur de moi ? » Mauvaise idée Crystal, mauvaise idée.

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Il n'est pas méchant d'après elle. Vynn rit à nouveau, en effet. Elle ne sait pas comme il peut être méchant. Elle ajoute aussi qu'elle sait se défendre alors il hausse un sourcil. Est-ce qu'elle s'emporte contre lui ou est-ce qu'elle essaie de l'impressionner puisque jouer l'allumeuse ne lui réussit pas ? Il l'écoute débiter son flot de paroles sans vraiment y porter grand intérêt. Il aimerait passer aux choses sérieuses et qu'elle lui dise concrètement ce qu'elle lui veut car elle commence à l'ennuyer. Sa dernière phrase le fait sourire. Lui avoir peur d'une fillette ? Elle vient le chercher dans un cimetière et lui dit qu'elle veut apprendre à le connaître, c'est clair que quelque chose cloche ici. Mais si elle veut apprendre à le connaître il est prêt à lui montrer qui il est. Il s'avance vers elle et la saisit par le menton avant de lui voler un baiser. La suite dépend de la réaction qu'elle aura. Si elle le repousse c'est clair qu'elle cache quelque chose derrière son petit jeu.

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Son rire m’agace vraiment, il donne l’impression qu’il est au-dessus de tout et qu’il peut tout faire, ce que je ne cautionne absolument pas. Il a l’air surpris de m’entendre dire que je suis capable de me défendre si jamais il venait à m’attaquer, sûrement parce que je ne paye pas de mine comme ça. Mais avoir passé plus d’un an dans le bloc et dans le Labyrinthe, ça forge le caractère. « Pourquoi tu rigoles, tu me crois p- » Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’il a posé ses lèvres contre les miennes. Mon corps se crispe soudainement sous cet assaut pour le moins inattendu. Choquée, je reste immobile à attendre que ça passe. Je meurs d’envie de lui claquer la face et de lui planter mon canif dans la bouche, peut-être que je le devrais. Il finit par rompre ce… baiser et je ne peux plus rester impassible ni rester ancrer dans mon rôle. Les sourcils froncés, je m’essuie rapidement les lèvres du revers de la main en le fixant méchamment. Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même, en même temps. Après tout, je l’avais cherché et il n’avait que fait répondre à ma provocation. Je recule de quelques pas et j’enfouie les mains dans mes poches, furieuse. Du bout des doigts, je tâte le canif qui s’y cache en attendant le moment propice pour passer à l’acte. « Pour toi apprendre à se connaître c’est forcément… ça ? » Les mots s’étranglent un peu dans ma gorge alors que je repense à tout ce que m’a dit Serenity. Mais mes traits se dérident soudainement, laissant place à un sourire provocateur et une lueur pétillante dans les yeux. « Ça me va alors. » Je m’approche rapidement de lui, pose une main sur son cou et l’attire à moi pour lui rendre son baiser, du moins pour lui faire croire. C'est le moment, l'opportunité que j'attendais. De mon autre main, je fouille ma poche en hâte et, en un instant, je le lui plante dans l’épaule...

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Elle ne le repousse pas, mais bien évidemment il la sent tendue, alors qu'il l'embrasse. Elle ne répond pas non plus à son baiser, alors il continue à rester sceptique. Qui est cette fille et que veut-elle réellement ? Quand il interrompt leur baiser, elle s'écarte et s'essuie les lèvres, elle ne semble pas apprécier. Elle lui demande même si apprendre à se connaître signifie forcément ça pour lui. Vynn fronce les sourcils. « Non pas forcément, mais la manière dont tu l’a suggéré c’était forcément pour ça. » Elle semble en colère quand elle lui pose la question alors qu’il lui répond avec le plus grand calme. Mais étrangement, son expression change, et elle lui dit que ça lui convient, en souriant. Attendez, est-ce qu’il a raté un épisode? Comment est-ce qu’elle peut changer d’avis d’un coup comme ça? Est-ce que cette fille a toute sa tête? Il commence à en douter. Il n’a pas le temps de réagir qu’elle s’approche de lui et pose un main dans son cou et l’attire mais au lieu de sentir le contact de ses lèvres contre les siennes, Vynn sent une douleur déchirante à l’épaule assez inattendue. Il pousse un râle en s’écartant brusquement et presse sa main contre son épaule en sang. Ses yeux passent de sa blessure à la main de la jeune fille qui tient un canif. Son regard s’assombrit soudain, et la rage l’aveugle. Il s’élance vers elle, réduisant la distance qui les sépare en deux trois pas et tend la main pour la saisir à la gorge et resserrer ses doigts autour de celle-ci  tout en la faisant reculer pour la plaquer contre un arbre. Sa mâchoire se crispe tandis qu’il serre les dents et que l’expression de son visage devient effrayant. S’il pouvait tuer rien qu’avec son regard, elle serait déjà morte. Il a du mal à comprendre ce qui l’a pris, est-ce une vraie psychopathe ou bien a-t-elle ses raisons qu’il ignore? Soudain le visage de Serenity apparaît à son esprit et il commence à comprendre. « Tu es une amie de Sere n’est-ce pas? », il dit sans desserrer ses doigts alors que de son autre main il lui a déjà arraché son canif. Elle ne peut pas le repousser ni se libérer, il est bien plus fort qu’elle. Elle ne peut pas non plus crier parce qu’il l’étrangle. Si elle veut vivre, elle répond. Et s’il s’avère que c’est exact, Vynn sait déjà qui va en payer le prix. Depuis qu’il est dans le labyrinthe il n’avait jamais eu à affronter qui que ce soit, et cette gamine était la première à s’en prendre à lui, forcément sa fierté venait d’en prendre un coup et il ne la laisserait pas s’en tirer aussi facilement.

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Mon cœur bat à tout rompre, un bruit sourd bourdonne à mes oreilles. L’adrénaline de l’instant, de l’acte me fait oublier tout ce qu’il y a autour de nous. La main tremblante, j’arrache le canif de son épaule, observant ébahie le sang qui en coule. J’avais osé, je l’avais vraiment fait… Et maintenant, impossible de faire marche arrière. Perdue dans un état second, je ne me rends compte qu’il s’est remis du choc que quand je sens ses mains enserrer mon cou alors qu’il me jette contre un arbre. Je lâche un cri de douleur alors que l’air est chassé de mes poumons par l’impact. La pression de ses doigts sur ma gorge se fait plus importante, plus lourde. Mes mains attrapent ses poignets et tentent vainement de le faire lâcher prise et, quand je l’entends prononcer son prénom, un regard affolé se fixe sur son visage. « N- non, je- je la connais pas ! » Je mens, bien sûr. Parce que j’ai échoué, parce que j’ai peur. Il y a très peu de chance maintenant pour que la situation soit en ma faveur et notre présence ici, dans le Labyrinthe, me prouve que les miracles n’existent pas. L’air commence à me manquer, je sens des picotements étranges au bout de mes doigts, la tête me tourne. Je tente de respirer mais il sert si fort que rien ne passe. Je suffoque. Des larmes coulent sur mes joues alors que je suis persuadée que je vais mourir, qu’il va me tuer. Mais jamais, jamais je ne le supplierais pour qu'il me laisse la vie sauve. Dans un dernier effort, je lui lance un regard venimeux et le frappe de toutes mes forces entre les jambes. Il ne devait pas s’attendre à ça, ou bien je lui ai fait mal, mais en tout cas il me lâche soudainement. Prenant mes jambes à mon cou, je me jette par terre pour récupérer le canif qu’il m’a arraché des mains. Je me retourne pour lui faire face mais une quinte de toux me prend à la gorge. Je passe des doigts tremblants sur ma gorge comme pour vérifier que ses mains n’y sont plus alors que j’ai toujours l’impression qu’il est en train de m’étrangler. Un cri de rage passe mes lèvres et je me jette de nouveau sur lui, le canif levé au-dessus de ma tête, néanmoins énormément affaiblie.

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Il est fou de rage lorsqu’il l’empoigne par le cou et la pousse violemment contre l’arbre. Dans un moment de folie, il ne fait même pas attention et l’étrange de toutes ses forces tout en se rappelant de Serenity et les choses deviennent claires dans sa tête. Il est certain qu’il s’agit de ça, que c’est Sere qui lui a tout raconté, sinon elle n’aurait aucune raison de venir le poignarder à moins d’être complètement psychopathe. Mais bien évidemment elle nie la chose en disant qu’elle ne la connait pas, sauf qu’il a bien vu le visage paniqué qu’elle a affiché un court instant et il ne lui en faut pas plus pour en être sûr. Si bien sûr qu’elle la connait. Vynn s’apprête à rajouter quelque chose quand il sent une douleur atroce entre ses jambes, la jeune fille vient de le cogner, et ça le fait lâcher prise permettant à l’autre de prendre la fuite. Elle se jeter sur le canif qu’il avait jeté au sol et se retourne vers lui pour lui faire face de nouveau armée. Elle est prise d’une quinte de toux alors que Vynn se remet du coup qu’elle vient de lui donner et se met à rire doucement. Stupide créature. Au lieu de prendre la fuite, elle se jette sur lui avec le canif en l’air, mais il lui saisit soudain le poignet qui tient l’arme et le lui arrache avant de lui assener un coup de genoux dans l’abdomen. Quand elle se replie sous le choc, il la saisit par les cheveux et la traine de force plus loin dans le cimetière où on ne les entendra pas. Il la traîne à l’écart et lui donne un grand coup sur la tête qui l’assomme. Il en profite pour s’emparer de la pelle et de creuser un nouveau trou. Une tombe pour cette stupide chose qui ne devrait même pas exister. Au début il a vraiment dans l’intention de l’enterrer vivante tant il est rongé par la haine, et quand il la jette dans la tombe, il commence à la recouvrir de terre avant qu’elle ne reprenne conscience. Un rire cruel lui échappe tandis qu’il s’accroupit au dessus du trou. Son corps est assez recouvert de terre pour qu’elle ne puisse en sortir facilement, il a épargné sa tête car il a changé d’avis, ce serait stupide de sa part de l’enterrer, mais il peut toujours l’effrayer. « T’es suicidaire ? Tu as pris le temps de réfléchir avant de venir me voir? J’en doute. Sais-tu au moins ce que tu viens de faire? » Il presse sa main contre son épaule pour tenter de stopper le saignement et reporte son attention sur la jeune fille. « Tu viens d’empirer les choses. Je comptais laisser Sere tranquille mais j’ai changé d’avis. Je vais lui faire regretter son erreur. Et si tu crois pouvoir m’en empêcher tu te trompes royalement. Je suis un coffreur ici, je fais partie des plus vieux, je n’ai jamais fait aucune erreur qui puisse remettre en question mon statut et ma légitimité. Que crois-tu qu’ils vont faire s’ils voient la blessure que tu m’as faite ? Je vais dire que tu t’en es prise à moi sans aucune raison, et tu vas leur dire quoi ? Que j’ai abusé de ton amie? Est-ce que Sere sera capable d’appuyer tes mots? Est-ce que tu penses sincèrement que je la laisserais faire? Tu as le choix entre rester ici et crier à l’aide alors que je t’enterre vivante, ou en sortir. Mais si je te laisse t’en aller et que tu vas raconter cette histoire, sois certaine que ton amie et toi n’en sortirez pas vivantes. Je m’assurerais de vous emmener avec moi. » Il ne plaisantait pas. Il la laissait vivre, mais si elle tentait quoique ce soit, il s’assurerait au moins d’emmener Sere une nouvelle fois dans le labyrinthe, et cette fois-ci il ne la ramènerait pas vivante. S’il devait lui y rester coincé pour la nuit, elle resterait avec lui, et il laisserait les griffeurs la dévorer.

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Il est beaucoup trop fort pour moi. Qu’est-ce qui a bien pu me passer par la tête ? Aveuglée par ma rage, je me suis jetée dans la gueule du grand méchant loup tête baissée. Il n’a fait que m’étrangler et je suis pourtant déjà vidée de mes forces. Alors quand il m’attrape les poignets et m’assène un violent coup dans l’estomac, je ne peux que me plier en deux sur moi-même, un cri silencieux coincé dans ma gorge. Je tombe un genou à terre mais il me relève vite en me tirant par les cheveux. Des larmes de douleur et d’impuissance coulent sur mes joues alors que je me débats de toutes mes forces pour qu’il me lâche. Mais c’est inutile. Je n’ai même pas le temps de comprendre ce qu’il se passe que tout devient noir. Une douleur sourde m’élance dans le crâne, des points blancs s’agitent derrière mes paupières closes. C’est comme si j’étais endormie et en même temps, complètement différent. Je reprends peu à peu mes esprits, incapable de savoir quelle heure il est ni où je suis. Pourquoi suis-je recouverte de terre ? On était dans le cimetière et… Je comprends enfin ce qu’il se passe alors qu’une nouvelle pelletée de glaise m’atterri sur le visage. Je secoue la tête en toussant et lève un regard assassin sur Vynn qui semble bien s’amuser de la situation. Secouant mes jambes et mes bras pour m’échapper de cette tombe, je ne cherche même pas à lui répondre. Non je ne suis pas suicidaire. Oui, j’avais réfléchi de longues heures, jour et nuit, avant de venir ici pour l’attaquer. Et ça m’avait paru une bonne idée sur le moment mais mon plan avait pris une tournure désastreuse. Un rictus moqueur s’étire sur mes lèvres quand je le vois presser sa main sur sa blessure, au moins, il n’allait pas ressortir indemne de cette histoire, contrairement à moi… Mon sentiment de victoire s’estompe bien vite quand il reprend son petit monologue. Serenity. Serenity allait souffrir par ma faute, il allait lui faire du mal à cause de moi. Le visage livide, je glisse un regard meurtri sur sa figure déformée par la colère, par le sérieux. Alors c’était ça, son truc, sa technique. Imposer un ultimatum à ses victimes et les forcer à décider entre deux choix tout aussi horrible l’un que l’autre. Et quel était le mien ? Rester en vie et m’enfuir ou bien mourir ici. J’arrive à sortir mes bras de leur prison en grognant et m’essuie rapidement le visage pour en chasser la terre, le regard perdu dans le vide. Mon cœur bat lentement, je ne me fais aucune illusion. Je sais déjà ce que je vais choisir. Plutôt mourir que de le laisser blesser Serenity une nouvelle fois. « Je te laisse me tuer seulement si tu me promets de ne rien faire à Serenity. » C’est idiot de me part, d’essayer de marchander avec lui. Mais c’est la seule chose qui me reste. Je sais pourtant au fond de moi que même s’il me tue, il ira voir Serenity pour se venger. Il pouvait très bien promettre et trahir ensuite sa parole. Je l’avais bien fait, moi. J’aurai pu choisir de m’enfuir et de ne rien dire à ma meilleure amie, mais comment saurait-il que je n'ai rien dit, lui ? Non, ça ne changerait rien du tout. Ma seule chance de l'empêcher de lui faire du mal, c'était cette option-là. « Mais tu crois que tu pourras t’en sortir comme ça ? J’ai demandé à presque tous les blocards ici où tu étais, ils savent tous que je te cherchais. Tu ne crois pas qu’ils vont se poser des questions quand les filles enverront quelqu’un pour me trouver parce que j’ai disparu ? Tu peux me tuer, je m’en fous, mais je t’emmènerais tôt ou tard avec moi dans la tombe. » Je parle sur un ton calme, déterminé. Les traits de mon visage se sont détendus. A force de me débattre, j’ai réussi à plus ou moins me déterrer de sous la terre. Il suffirait d’encore un petit effort pour me libérer complètement et je pourrais sauter hors de ce trou pour m’enfuir. Mais il me rattraperait, encore, et le résultat serait toujours le même… « Je savais que tu étais lâche au point de violer une fille sans défense, mais je n’aurai pas pensé que tu l’étais au point de ne même pas te battre contre une gamine comme moi. C’est assez triste je dois dire, pour un mec comme toi, de se sentir aussi supérieur sur les autres alors que même un cafard vaut plus que toi. Tu vas te sentir comment après m’avoir enterrée ? Content de toi ? Fier d’avoir pu me faire taire sans te casser un ongle ? Ah, tu me déçois, vraiment. Mais fais, fais. Je te regarde faire. » Il ne me reste sûrement plus longtemps à vivre, alors j’en profite pour lâcher tout ce que j’ai sur le cœur avant que la terre ne me recouvre complètement et que tout le monde ne m’oublie. Ma poitrine se serre alors que je pense à Serenity. Encore une fois, je ne tiens pas ma promesse, je l’abandonne. Je voudrais vraiment être capable de la protéger mais finalement, le laisser consumer sa rage sur moi et pas sur elle, mourir, c’est peut-être vraiment ma seule solution pour qu’elle soit saine et sauve…

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