All you had to do was stay

Ft. Josie

Une thérapie. Non pas pour moi mais pour cette nouvelle élève que je me dois de coacher. Elle appréhende les sorties au cœur de ce dédale de couloir, je peux la comprendre mais la nécessité passe avant tout. La zone 5. Froide. Blanche. Sombre. J'affectionne cette zone plus sournoise que les autres. Elle vous appelle pour mieux pour noyer en ces profondeurs gelées. J'attends la petite Josie en fixant l'horizon, portant une tenue adéquate au climat. J'admire la beauté du paysage. Les minutes sont longues, je me dis qu'elle ne viendra peut-être pas finalement. S'est-elle dégonflée ? Non. J'entends le son des ces pas feutrés. Je la laisse venir à moi, posant sa main sur mon épaule. Le silence m'a permis d'analyser qu'elle s'approchait et de ne pas sursauter. Elle tente de sourire pour se réconforter, les apparences sont souvent trompeuse et sa voix la trahit.

« Je suis prête pour de nouvelles aventures ! »

Amusée. Je la regarde. Je suis fière d'elle, fière qu'elle soit là à mes côtés pour relever ce défi. Elle n'a pas besoin de jouer un rôle avec moi, même si j'apprécie le fait qu'elle tente de se montrer digne. Surprise, je pose un regard interrogateur sur elle qui vient de s'exclamer:

« Chouette ! »

Je sais que c'est ironique. Je le sens. Il y a bien des choses difficiles à comprendre comme cette peur du labyrinthe, mais chacun cache au fond de lui une peur incontrôlée. Il est temps pour moi d'expliquer à Josie l'exercice du jour. Toujours un œil posé sur elle, j'annonce sur un ton neutre.

"Je vais te laisser t'engager seule. Prendre de l'avance. Je serais là quelque part à te guetter mais tu ne sauras pas où. Je veux pouvoir t'observer évoluer seule. Juger tes actes et ton état, ainsi que tes capacités."

A mon tour de poser sur son épaule une main réconfortante. Avant d'ajouter:

"Tu es prêtes ?"

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All you had to do was stay

Ft. Josie

Je la regarde. Elle et ces mimiques. Elle me donne envie de rire mais je me retiens pour ne pas la déconcentrer ou qu'elle pense que je me moque d'elle. Néanmoins, elle est amusante malgré elle. La nouvelle ne semblait pas lui convenir, je m'en doutais. C'est une des raisons pour lesquelles je ne lui avait rien dit avant ce matin. Si elle avait su plus tôt elle ne serait pas venue ou se serait torturé des jours et des nuits durant avant le moment tant redouté. Elle aurait été fatigué et bien moins concentrée. J'avais volontairement procédé ainsi pour mettre toutes les chances de son côté. Je sais à quel point cette idée l'effraie, qu'elle la redoutais au fond d'elle... mais il est temps. J'appuie un regard réconfortant sur Josie. Je ne suis pas une grande bavarde et je ne sais plus comment exprimer mes sentiments. Je ne l'ai surement jamais su. Elle retourne la question dans sa tête, je le vois. Je n'y peux rien la décision lui appartient. Je ne l'ai jamais forcé. Préférant attendre qu'elle soit prête. Je la juge être prête mais mon ressentit n'a aucune valeur dans l'immédiat.

Silencieuse, je la contourne. Je passe à côté d'elle et m'arrête pour serrer sa main doucement dans la mienne, du moins de gants à gants. Je sais qu'elle comprendra mon geste si simple soit-il. Je la relâche et m'éloigne un peu. Elle s'exprime:

« Oui. »

Tant mieux. C'est une bonne chose. Je suis satisfaite qu'elle essai, c'est un grand pas pour elle. Qu'importe le résultat, elle fait déjà des progrès. Je continus de m'éloigner. Discrètement. Furtivement. Elle s'avance sur ce désert de glace. Quelques pas. Les mains crispées refermées sur la hanse de son sac. Elle se retourne pour s'adresser à moi... mais je ne suis déjà plus là. Je l'observe. Je l'entends. Mais je suis invisible à son œil.

« Ça ne peut pas attendre la prochaine sortie ? »

Elle gémit telle une enfant, mais personne n'est là pour la rassurer. J'espère qu'elle va y arriver. Qu'elle va se ressaisir et s'élancer. Que tout ce que je lui ai apprit va lui revenir. Fermes les yeux Josie, inspire profondément. Tout ira bien , je suis la. J'aimerais que ma voix soit dans sa tête pour lui insuffler le courage nécessaire afin de réaliser cette exercice ou pluto^t prouesse dans son cas.

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Ft. Josie

Finalement cette position est inconfortable. Je suis là, sans être vraiment là. J'aimerais faire plus. Être à ces côtés pour la soutenir et la rassurer. J'aimerais avoir un geste pour lui montrer que jamais je ne l'abandonnerais. Mais rien de tout ceci ne m'est possible. Je ne peux pas. Je ne dois pas. L'exercice vise à la mettre au défi mais il me met moi même au défi d'accepter de laisser certaines personnes que j'affectionne s'aventurer seule dans le labyrinthe. L'idée ne me plait pas. Je suis même en proie à l'agacement de ma propre personne. Comment ais-je pu proposer ceci à Josie ? Elle n'est pas prête! a moins que ce ne soit moi. J'inspire profondément. Je la vois. Elle et son air perdu. Craintive. Elle ne doit pas céder à la panique.

Pas à pas elle progresse sur la glace. Attentive, je suis prête à surgir au moindre craquement. Puis c'est elle qui me surprend à pousser un cri. Un raton l'a effrayé et elle a plaqué ces mains sur sa bouche pour étouffer son hurlement. J'ai presque envie de rire. Sa concentration trop importante lui a fait oublier ce qui l'entourait. Les boules de poils déboulent de toutes part et Josie sautille. Je manque d'éclater de rire. Me reprenant en me nichant dans mon écharpe. Sa voix tremblante se fait entendre: « Tout va bien, je gère. ». Oui, je vois ça. Tellement bien que j'ai faillit me perdre dans un fou rire.

Je me déplace. Discrètement. Mais à mon grand désarrois la couche de poudreuse se détache sous mon poids et une coulée de neige se dirige vers Josie. Tandis que je m'agrippe de justesse à un rocher. Je tente de ne pas être emportée et Josie devra apprendre à se déplacer plus rapidement si elle ne tient pas à se retrouver ensevelie.

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