Vous vous apprêtez à vivre une toute nouvelle vie, comment vous sentez-vous ? « il est inutile de mentir : j'ai eu peur comme nous avons tous eu peur. Désorienté, paniqué par un blocage béant de ma mémoire, j'ai cru vivre un cauchemar éveillé. Seulement, comme toujours, il a fallu s'adapter, et maintenant que j'appréhende mieux mon environnement, que je connais les dangers et les gens qui m'entourent, je me sens plus à l'aise ici. C'est devenu ma famille, ou plutôt ma meute. C'est mon territoire, ma patrie, aussi peu nombreux sommes-nous. Je n'aime toujours pas cet endroit, j'ai toujours aussi peur de ce qui pourra subvenir demain, mais je me sens plus fort et plus armé pour y faire face. »

Le Labyrinthe est rempli de dangers mortels. Pensez-vous être prêts à y faire face ? Etes-vous excité ou craintif à l'idée de découvrir les secrets qu'il contient ? « physiquement, je me sens apte et armé pour affronter tous les dangers. J'ai pris en muscle, mon âme s'est endurcie et forgée par le quotidien précaire. Pourtant, je ne suis pas certain d'être capable de vivre face à un griffeur, bien trop humain pour leur échapper. Bien sûr que je suis excité à l'idée de découvrir des choses, nous le sommes tous j'imagine, ça serait comme trouver de nouvelles pièces à assembler au puzzle. Mais j'ai aussi réellement peur de ce que je pourrais découvrir, et surtout, d'avoir pensé être quelqu'un que je ne suis pas, d'avoir été assez audacieux pour prétendre à faux.

Cependant, avoir peur n'est pas synonyme de lâcheté. J'aimerais entrer plus souvent dans le labyrinthe pour découvrir ses secrets, et peut-être une issue, quitte à risquer ma vie pour les autres. Je ne suis pas un héro, et je ne mets pas simplement de la poudre aux yeux : ici, nos vies ne valent rien, nous ne sommes que des petits pions dans un monde qui nous dépasse. Que je meurs ou que je vive, mon groupe en sera inchangé, alors si je peux trouver une faille à ce système, quitte à perdre la vie, je n'hésiterais pas. »

Quelle est votre relation avec les autres blocards ? Pourquoi avoir choisi cette spécialité ? « J'ai tendance à plutôt bien m'entendre avec tout le monde. Bien sûr, il y a des hauts et des bas, je me suis battu plusieurs fois et j'ai infligé des sentences. Malgré ça, je suis une personne réaliste et optimiste à la fois, ce qui peut paraître difficile à concevoir, mais je garde les pieds sur terre tout en étant intimement persuadé qu'un jour, on trouvera une solution rationnelle pour sortir de là. Je pense que c'est ce que les gens ont besoin d'entendre, et ce pour quoi je suis apprécié. De toutes façons, nous n'avons pas d'autres choix que de vivre les uns avec les autres, alors il faut faire au mieux et ne pas s'entre-tuer pour une question de testostérone. Non ? Voilà aussi pour quelle raison je suis coffreur : sans lois, nous ne serions rien. Notre force est notre unité, et j'aime à m'assurer de sa parfaite cohésion, et du respect des règles que nous nous sommes fixé. »

Comment vivez-vous le fait de ne vous rappeler de rien ? La quête de vos souvenirs est-elle importante pour vous, ou pourriez-vous vivre sans ? « Non, clairement. Je ne pourrais pas vivre sans savoir qui je suis pour le reste de mes jours. j'ai besoin d'être rassuré, de savoir que j'étais quelqu'un de bien. Je crois qu'après avoir vécu tant de choses, apprendre que mon passé n'était qu'un amas de conneries en tout genre me retournerait les tripes. pourtant, quitte à le découvrir et en souffrir, j'ai besoin de savoir, je ne supporte pas ce blocage, cette censure de mon âme. C'est quelque chose qui me hante, comme si.. comme si on m'avait prélevé un morceau d'âme. »

Quelle est la valeur la plus importante pour vous lorsqu'on vit en communauté ? La générosité ? La loyauté ? Votre propre sécurité ? « Je pense que c'est un ensemble. La générosité dont nous faisons preuve les uns envers les autres conduit à la loyauté de notre meute. Et c'est notre meute elle-même et sa cohésion qui assure notre sécurité. Je pense que la valeur la plus importante néanmoins est le respect des règles, puisque c'est du règlement que part tout le fondement de notre micro-société. Oh ! Autrement je dirais bien entendu la capacité d'adaptation, ou la souplesse d'esprit. Avoir un règlement ne veut pas dire être fou, ou suicidaire. Si un jour il conduit à notre perte, alors nous devrons faire face à un temps d'instabilité pour trouver un moyen de le modifier. »

Un(e) autre blocard(e) est très malade. Décidez-vous d'attendre deux semaines que des médicaments soient envoyés par le Wicked, ou décidez-vous de vous rendre dans le Labyrinthe pour y chercher des herbes médicinales, mettant donc en danger votre propre vie ? « Un camarade en danger de mort ne peut pas souffrir plusieurs jours, ça m'est inconcevable. En vérité s'il existait une autre option de réponse, en dépend de son état, je dirais que je m'assurerais de l'achever moi-même pour lui éviter des souffrances inutiles. Cependant sa vie a autant de valeur que la mienne, et j'ai déjà dit être prêt à rentrer n'importe quand dans le labyrinthe. Je crois que vous avez saisi ce que j'entends par-là. »

Une violente dispute éclate entre deux blocard(e)s qui en viennent aux mains. Comment réagissez-vous ? « Au tout début de cette aventure, j'étais timide et renfermé. J'aurais laissé les choses se faire sans bouger, espérant seulement être oublié. Aujourd'hui, je ne sais pas vraiment. Depuis tantôt je prône l'unité, et aussi en théorie j'espère avoir le courage de les séparer. Mais il ne faut pas se leurrer : nous sommes des hommes avides de ce qui nous défoule, de ce qui nous permet d'avoir la force de rester debout. Je pense qu'agir serait vraiment plus difficile que simplement penser à le faire. S'il le faut, ce que je n'espère pas, je deviendrais alors l'un de ces chiens pouilleux avides de sang, du moment que l'on nous offre un spectacle. Regarder, agir.. j'espère pouvoir les séparer, mais je n'aime pas mentir. »