Spooky —

Les plantes médicinales commencent à manquer et je me suis proposé pour aller en chercher dans les entrailles du labyrinthe. C’est la seule raison pour laquelle je suis sortie aujourd’hui. En même temps, je ne considère pas vraiment ce labyrinthe comme un terrain de jeu et à moins d’avoir une très bonne raison, je ne m’y aventure pas. Je suis allé jusqu’à la zone 2. Ces marécages sont très riches en plantes médicinales. Même si en arrivant ici, je n’avais aucune connaissance en soin, mais j’ai appris des anciennes medjack. Certains sont-là depuis longtemps et avec le temps il ont appris à prodiguer les premiers soins ou à reconnaître des plantes qui pourraient être utile. Un sac sur l’épaule, j’arpente les marécages de la zone 2. Je ramasse les plantes que je reconnais, tout en faisant attention. Je connais cette zone à force, mais comme le labyrinthe change toutes les nuits, je ne suis à l’abri de rien.

Puis je décide de m’aventurer plus profondément dans la zone 2. Ce n'est pas une idée brillante, mais certains medjack disent qu’on peut y trouver quelques plantes plus rare. Je m’enfonce sans doute un peu trop loin, ayant de l’eau jusqu’à la taille, mais je trouve ce que je cherchais alors je continue d’avance. Je dois aussi faire attention au temps qui s’écoule. Si je me retrouve coincé dans le labyrinthe de nuit, je n’ai presque aucune chance de survie. Voire même aucun, c’est signe mon arrêt de mort. Cependant, absorbé par ma quête je ne fais plus vraiment attention et quand je décide enfin de partir pour rejoindre le camp, je ne fais pas vraiment attention. Il faut dire qu’à cause de l’eau du marécage je ne vois pas où je mets les pieds. Le sol s’effrite un peu et je glisse, me coinçant au passage le pied, sur ce qui semble être une racine. J’essaie de tirer, mais je n’arrive pas à me dégager. J’ai le pied bien enfoncé sous les abats de terre qui se sont enfoncé dans l’eau boueuse et la racine semble bien prise autour de ma cheville. Ce n’était vraiment pas le moment, les portes vont se refermer …

Eric tournait en rond. Il était soucieux des hommes partis en expédition dans le Labyrinthe. Presque la totalité était revenue sauf un seul. Spooky qui s’était porté volontaire pour aller chercher des plantes. Seulement, le soleil commençait déjà à finir sa course et le jeune homme n’était toujours pas revenu.
Il observait les portes du Labyrinthe, espérant voir le blondinet revenir, mais rien ne vint. N’y tenant plus, Eric se décida à empocher le matériel nécessaire si besoin. Il prit d’abord un sac, mis le strict minimum pour le secours en ne tenant pas à emporter toute la boîte. Une arme tranchante au cas où et surtout de quoi allumer un feu. Si ils ne revenaient pas avant la fermeture du Labyrinthe, au moins il serait avec Spooky pour survivre. C’était cruel, mais Eric savait pertinemment que le jeune homme n’avait aucune chance de s’en sortir seul dans cet enfer.
Courant déjà dans le Labyrinthe qui avait changé cette nuit là, il prit bien vite ses repère en passant directement par les marécages qu’il fouilla de fond en combles.

« SPOOKY ! »

Essoufflé, et sur ses gardes, il finit par apercevoir la chevelure blonde du jeune homme. Alerte, il descendit jusqu’au bord.

« Spooky ! Tu m’entends ?! » s’exclama le coffreur.

Bien vite, il comprit que quelque chose clochait. Il était bloqué. Evidemment qu’il ne pouvait pas revenir. Enlevant rapidement le sac qu’il avait, il s’engouffra dans l’eau boueuse pour y plonger et essayer de détecter ce qu’il se passait. Le pied pris au piège, il remonta à la surface pour dire au blond.

« Je vais essayer de dégager ton pied, en attendant essaye de le retirer, doucement. Je veux pas que tu te casses la cheville ».

Il ne laissa pas le temps au medjack de répondre qu’il était déjà sous l’eau en train de dégager la cheville du plus jeune. En apnée depuis une minute, il prit sur lui pour enlever cette racine et ainsi libérer Spooky. Quand il sentit le pied s’échapper, il remonta à la surface pour sortir du marécage.

« Oublie les plantes, on a plus le temps. Tu peux marcher ? » s’enquit le plus vieux en aidant Spooky à remonter sur la terre ferme.

Spooky —

Le pied coincé dans cette racine, je commence à paniquer. J’ai beau tirer sur ma cheville, rien n’y fait et je commence à avoir mal. Je m’épuise aussi à me débattre pour essayer de me défaire. Le soleil se couche, les portes du labyrinthe ne vont pas tarder à se refermer. Je ne passerai pas la nuit si je reste coincé. Même en pouvant m’enfuir, il y a peu de chance que je survive à une nuit face aux créatures du labyrinthe. Il ne faut pas se leurrer, je suis loin d’avoir le profil pour leur faire face. Mes qualités sont ma rapidité et mon agilité, coincé ici, je suis en quelque sorte bon à rien. Je ne sais pas si quelqu’un a remarqué mon absence au camp … Ou si quelqu’un a osé s’aventurer si tard dans le labyrinthe. Ils se sont peut-être résolus à me retrouver mort la prochaine fois qu’ils s’aventureront entre ces murs. Ce que je pourrais comprendre … Sortir à cette heure, c’est prendre le risque de ne pas être rentré à la fermeture des portes. D’un côté, je préfèrerais qu’ils soient tous restés à l’abri dans le bloc, mais d’un autre … J’espère que quelqu’un est parti à ma recherche …

Je ne me débats presque plus fatigué par mes heures de recherches de plantes médicinales et épuisé à force de me débattre dans cette eau boueuse qui rend tout mouvement difficile. Je ne sais même pas depuis combien de temps je suis coincé par cette fichue racine. Tout ce que je peux constater c’est le soleil menace de plus en plus de disparaitre derrière l’horizon. Je relève la tête en entendant quelqu’un appeler mon prénom. Eric ? Je passe mon temps à le fuir … Il m’intimide. Cependant, je suis bien content de le voir. Il est venu me chercher ou il passait par-là par hasard ? Il est trop loin pour que lui explique la situation, mais il comprend vite que quelque chose ne va pas et il me rejoint. Je fais ce qu’il me dit et je tire sur ma cheville pour la dégager, réveillant au passage la douleur de mon ancienne blessure, quand je m’entrainer il y a quelques semaines. Heureusement que Kethan était-là … Elle était guérie, mais je ne devais pas forcer. Ma cheville se libère enfin.

- Merci, soufflais-je lorsque Eric apparait de nouveau à la surface.

Cela m’embête un peu de laisser les plantes derrières moi, je n’en ai pas récolté suffisamment …

- Mais je n'en ai pas ramassé assez, protestais-je.

Je pense d'abord aux futurs blessés ou malades du bloc. Cependant, je pense que personne ne nous en voudra d'être un peu égoïste dans une telle situation, alors je cède en soupirant. C’est plus sage. Il est déjà peut-être trop tard.

- Je peux marcher, ne t’en fais pas.

Je vais sûrement réveiller les douleurs de ma récente entorse, mais je prendrais sur moi. Marcher ne me faisait plus mal depuis quelques jours, mais la pression sur mon pied a visiblement mis à mal cette guérison encore incertaine.

- Tu crois qu’on arrivera à temps ?

J’ai bien peur de connaître la réponse … Je n’ai jamais passé la nuit dans le labyrinthe, en même temps on fait toujours tout pour l’éviter. Je dois dire que cela m’effraie beaucoup.

Ils ont passés la grille, les gardes. Ils sont de l'autres côtés, libres. Liberté! Le sentiment est là. Plus jamais il ne reverra les murs, ne devra suivre les entrainements. Maintenant, la vie leur appartient à tous, à eux cinq. Comme l'autre lui avait dit. En pensant à lui, il se retourne prêt à lui taper dans les mains. Mais il n'est pas là. Il s'éloigne des autres essayant de se rappeler la suite du plan. Merde! Il nous a pas parlé de la suite.

Eric hocha la tête d’un air négatif. Ils n’avaient vraiment pas le temps de discuter de tout ça. Pressant le pas, il entraîna Spooky avec lui dans les passages du Labyrinthe. Même si Spooky avait mal, on pourrait le soigner une fois au bloc, mais cette fois, ils n’avaient pas le droit à l’erreur.

« Si on se dépêche on arrivera en un seul morceau, alors on y va » dit-il en courant vers la sortie.

Eric n’avait jamais passé la nuit dans le Labyrinthe non plus, mais la vue de voir les cadavres de ses anciens camarades coincés dans ce Labyrinthe l’avait refroidi. Même s’il était assez rapide, fort et rusé, il ne se sentait pas assez résistant pour survivre une nuit dans ce truc. Même pas 25% selon lui. Et puis, le but était de ne pas y rester.

Ils manquèrent de tomber à plusieurs reprises, mais Eric se rattrapait ou tenait Spooky fermement pour ne pas le perdre. Il n’hésitait pas à lui dire d’accélérer, de ne pas s’arrêter et surtout de ne pas regarder en arrière.

« On y est presque ! » s’exclama le coffreur en serrant les dents.

Il avait les poumons en feu, les muscles doloris à force d’avoir couru sans s’arrêter. Il n’avait plus qu’a franchir les portes qui commençaient à se refermer sous leurs yeux. Tirant Spooky vers l’avant, il l’incita à franchir les portes avant lui, l’entrebâillement devenait de plus en plus fin alors que les lumières du blocs commençaient à s’effacer lentement sous la fermeture des portes. Eric redoubla le rythme final avant de frôler les portes mais de s’extirper rapidement dans le bloc.

Les jambes flagellantes, le coeur battant à la chamade et le souffle court, Eric se sentait soulagé, et aussi rassuré de voir que Spooky avait pu s’en sortir. Il appela les autres medjacks pour qu’ils soignent Spooky s’il avait d’autres blessures. Le jeune homme donna une tape sur l’épaule du medjack.

« Tu t’es débrouillé comme un chef » dit-il avec un sourire.

Il espérait simplement que maintenant, Spooky serait moins craintif avec lui et qu’il se sentirait libre de le voir ou lui parler.