Une journée de plus où je traine dans le bloc des garçons. En fait, je me suis trouvé une excuse débile qui ne tient pas vraiment pour m’éclipser ici. Je dépose la boite remplie de fruits sur la table et en profite pour croquer dans l’un d’eux avant de m’éclipser à l’extérieur. Le soleil cogne fort aujourd’hui, ce n’est pas très agréable. Même en short, je ne pense qu’à une chose, me jeter dans l’eau et y rester toute la journée. Je me balade encore un peu, mâchonnant ma pomme, quand j’aperçois un peu d’activité pas très loin. La main en visière au-dessus des yeux, je constate qu’un groupe de garçons réparent je ne sais trop quoi. C’est sûr que c’est autre chose que les bâtisseuses que nous avons dans notre bloc. Disons que le rendu visuel n’est pas le même. Je prends place sur la table extérieure qui me donne une bonne vue et me protège un peu du soleil. De plus en plus, je pense sérieusement à poser mes affaires de ce côté du bloc. Les garçons sont tellement plus faciles à vivre. Dans le groupe de bâtisseurs au travail, je repère ceux que je connais de vue, ceux que j’ai déjà approchés et finis par en repérer un qui ne me dit rien du tout. Je plisse les yeux pour me concentrer sur son visage, il ne me dit rien et je manque de m’étouffer quand il retire son T-shirt. Non, je n’aurais clairement pas oublié ça. Le sourire sur les lèvres, je termine tranquillement ma pomme. C’est lorsqu’il quitte le groupe que je me lève et le suit tranquillement. Je suis une fille sociable et polie, j’aime faire des rencontres et venir me présenter. Au passage, j’en profite pour jeter ce qu’il me reste de pomme et me glisse à l’intérieur. Je ne sais pas s’il a remarqué ma présence ou bien s’il s’en fiche, mais je ne vais pas cracher sur le spectacle qu’il m’offre. Je finis par m’appuyer contre le mur et croise les bras sous ma poitrine. « Je peux t’aider à te rhabiller … ou l’inverse. » Moi ? Rentre-dedans ? Jamais, j’aime la subtilité !

C'était un autre jour de plus que Vynn passait dans le bloc. Il ne les comptait même plus à présent. Il se souvenait du jour où il était arrivé il n'y avait que trois blocards à ce moment là. Il les avait fixé avec un air perdu, demandant des explications. Que se passait-il ? Où était-il ? Pourquoi était-il là? Qui étaient-ils ? Qui était-il lui ? Il ne se souvenait de rien, absolument rien lorsqu'il avait ouvert les yeux ce jour là. Le néant total. Comme s'il venait de renaître dans un nouveau monde, un nouveau corps. Il se sentait frustré et pris au piège lorsqu'on lui avait tout expliqué. Quoi? Un labyrinthe? Des portes? Des monstres? Il avait du mal à y croire mais pourtant c'était réel, et pas un simple rêve. Il s'était dès lors sentit étouffer dans cette prison de pierre. Pourquoi lui? Qu'est ce que tout cela signifiait? On lui avait dit de se trouver un nom. Et puis peu à peu il avait fini par se faire à l'idée. Mais jamais totalement. Il s'était dit que s'énerver ne servirait à rien et il avait décide d'attendre patiemment. Mais certains jours il avait l'impression que la folie le guettait. Il ne supportait pas d'être là dans l'ignorance totale, rempli de questions auxquelles personne autour de lui n'avait de réponses. Puis le mois suivant un nouveau a débarqué. Et puis encore  un, et ainsi de suite. De quatre, ils étaient passés à bien plus. Mais certains décédaient. Et il les enterrait avec les trois plus vieux. Il ne parlait pas souvent. Il s'occupait toujours. Sinon il deviendrait fou. Comme leur leader. Peut-être était-il ainsi à cause du mois qu'il avait passé seul sans personne? Il l'ignorait. Aujourd'hui encore, n'ayant rien à faire il avait décidé de s'occuper l'esprit avec un travail manuel. Il ne le faisait pas souvent mais c'était une occupation comme une autre. Et au moins il jouait le jeu pour que personne ne trouve rien à lui redire. En coffreur modèle il donnait un coup de main aux bâtisseurs. Mais le travail sous le soleil l'épuise et après avoir fini ce qu'il a à faire, il laisse les autres poursuivre et se retire. Il retire son haut, car il a transpiré, et rejoint le dortoir pour prendre un haut de rechange et aller se laver. Sauf que, quelqu'un l'observe depuis quelques temps, et même s'il l'ignore, l'inconnue l'aborde.  « Je peux t’aider à te rhabiller … ou l’inverse. », demande cette dernière. Il pivote la tête vers elle et la dévisage sans répondre immédiatement. Parle-t-elle sérieusement ? Le sous entendu est pourtant clair. C'est une première pour Vynn. Ce n'est pas lui qui va à la chasse pour calmer son corps mais une jeune femme qui vient d'elle même. Il est un peu surpris, mais il ne le montre pas. Est-ce qu'il doit l'ignorer? Mais si elle est sérieuse.. Serait-ce une invitation ? Dans ce cas il ne peut refuser. Car il n'y a pas à dire, cette jeune femme est presque parfaite. Il la détaille des pieds à la tête sans se gêner, comme pour estimer sa valeur, et si ça en vaut la peine. Son corps, ses courbes, son visage, tout lui plaît. Tout lui donne envie. Quant au corps de Vynn, il semble sortir de sa torpeur, tous ses sens sont soudain en éveil, comme ceux du chasseur qu'il est. Le petit chaperon rouge semble se jeter dans la gueule du loup, d'elle même. Il n'a plus qu'à la manger. Vynn repose son t-shirt sur son lit et se dirige vers elle d'un pas rapide, avant de s'arrêter. Il tend la main et attrape la poignet de la porte pour la refermer et verrouiller.« Fais donc. », il finit par répondre en se tournant alors vers la demoiselle, toujours avec son expression indéchiffrable. Il en faut plus pour l'impressionner, malgré tout.

L’inconnu finit par se retourner. Il est imperturbable. En tout cas, c’est ce que laisse transparaitre son visage impassible. C’est assez amusant. Loin de me démonter quand il m’inspecte, je reste bien confortablement appuyée contre mon mur, le sourire aux lèvres. Je constate que je n’ai pas affaire à n’importe qui. Ce qu’il dégage est assez impressionnant, avec toute cette assurance mesurée. Je trouve qu’il n’a rien à voir avec les autres blocards. Il dégage quelque chose chez lui de différent. Bien évidemment, j’ai rencontré d’autres hommes sûrs d’eux et de leur potentiel physique. Mais c’est une toute autre assurance. Peut-être plus machiste ou m’as-tu-vu. Alors que lui … C’est plus électrisant. J’en suis même impressionnée, c’est pour dire. Toujours silencieux, il s’avance lentement pour verrouiller la porte. S’il pensait que j’étais le genre de fille à me dégonfler, c’est qu’il me cernait mal. J’y suis, j’y reste. Je ne cille même pas quand j’entends le verrou de la porte. Pas non plus quand il s’avance finalement vers moi, le torse nu, pour me demander – ou serait-ce un ordre que je perçois dans le ton de sa voix ? – de poursuivre ma proposition. Mon sourire s’élargit, dévoilant mes dents. Je m’appuie un peu plus contre le mur. Pas pour tenter de m’éloigner de lui, mais plutôt pour avoir une meilleure vue. Les muscles de son torse sont taillés dans la pierre. Il n’y a rien à jeter. Attirée par cette musculature d’Apollon, je tends la main et glisse un doigt, de son épaule jusqu’à son bas ventre. « Plutôt impressionnant. » Il est plutôt réceptif à mes avances à peine voilée de tout à l’heure. A étudier son comportement, je me dis qu’il n’y a rien d’étonnant là-dedans. Ça se voit qu’il a l’habitude d’être le mâle dominant. Je me demande quel effet ça lui fait d’être celui qui se fait aborder en premier. Ma main s’attarde sur la boucle de sa ceinture. Certains de mes doigts sur sa peau humide. Je tire finalement sur le passant de son pantalon pour le rapprocher de moi. Finalement, je me redresse et tout aussi tranquillement, je lui défais la ceinture avant de m’attaquer le plus naturellement du monde à son pantalon. « Ne devrais-tu pas aller te laver avant ? Ce n’est pas que je n’aime pas l’odeur de l’homme en action, mais ça a un côté pas très hygiénique. » C’est surtout une excuse pour voir son corps ruisselant. Son pantalon glisse et la ceinture fait un bruit mat quand elle tombe sur le sol. Je relève la tête pour le fixer droit dans les yeux, le bout de mes doigts tapotant son torse.