soigne mon coeur et je soignerai ton estomac

Aujourd'hui, comme depuis toujours depuis qu'il avait choisi son poste de cuisinier en arrivant ici, il s'était levé plus ou moins tôt le matin pour aller préparer le petit déjeuner pour tout le monde. Il aimait cuisiner, donc le faire ne le dérangeait pas. C'était plutôt la notion de se lever tôt qui l'embêtait, lui qui aimait dormir... Il songeait d'ailleurs de plus en plus à changer ses horaires avec un autre cuisinier, parce que là, c'en devenait presque vital pour lui de dormir plus de cinq heures par nuit. Enfin, c'était vital pour tout être humain normalement constitué, n'est-ce pas?
Le réfectoire avait rapidement été rempli par les bavardages de la joyeuse troupe que le bloc a constituait, et bien vite, l'énorme marmite avait été vidée et les couverts sales s'étaient entassés dans le lavabo et sur la table de la cuisine. Fort heureusement pour lui, il n'avait plus rien à faire jusqu'à ce soir, quelqu'un d'autre s'occupant de la vaisselle et du repas du midi. Enfin, ça, c'était jusqu'à ce qu'on vienne le prévenir que celui qui faisait la vaisselle de ce midi était malade et qu'il devait le remplacer. Aish! C'était pire que de l'esclavagisme, là... Personne n'aime faire la vaisselle, en plus. Bizarrement, à cet instant présent, Truce maudissait la non existence du lave vaisselle, l'existence des maladies, et par-dessus tout le fait qu'il ne soit pas sourd, muet et aveugle pour qu'on lui fiche un peu la paix.
Soupirant à s'en fendre l'âme, il était tout de même parti pour rejoindre son lit et se reposer un peu avant de devoir reprendre le boulot. Il n'avait pas le choix, de toute façon. Et puis pour l'instant il n'avait pas faim, donc il pouvait très bien manquer le repas du midi et en profiter pour être d'attaque pour nettoyer les cochonneries des autres.

Quatorze heure, fin du déjeuner. Truce s'était levé une vingtaine de minutes avant pour pouvoir se préparer mentalement et les manches retroussées, le tout bien trop vite accompagné par un air de dégoût. S'il y avait bien une seule chose qu'il détestait dans la cuisine, c'était faire la vaisselle après. Jusqu'à maintenant, il avait toujours réussi à y échapper parce qu'il était le seul qui avait accepté de faire le petit déjeuner depuis maintenant quatre mois d'affilée. Mais il fallait croire que quelle que soit l'entité supérieure qui puisse exister, celle-ci n'était définitivement pas de son côté. Toujours est-il qu'il s'était retrouvé seul comme un pauvre con -il fallait bien le dire- les mains dans l'eau avec pour seules armes une éponge et du liquide vaisselle. Passionnant.

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soigne mon coeur et je soignerai ton estomac

Se taper tout ce travail pour faire des baumes apaisant et puis presser le pas pour aller au réfectoire. Plus rien, il ne restait plus rien pour elle. Peut-être que si elle avait su… Non, Lou fait toujours passer le travail en premier quoi qu’il arrive. Mais un estomac sur pattes pas encore prêt à mourir de faim ne peut pas se résoudre à attendre jusqu’à l’heure du dîner après tout. Donc elle se rend dans le bloc des garçons avec le petit espoir qu’il reste encore quelque chose. Oh, à vrai dire elle n’est pas proche des garçons ni des filles, elle est au milieu. Et être au milieu n’est pas une bonne chose du tout.

Ce n’est pas la première fois qu’elle vient dans le bloc des garçons ; à vrai dire, la première fois qu’elle est venue, c’était dans le but de trouver le calme qu’elle n’avait pas dans le bloc des filles. Sincèrement, la première fois, ça n’a pas été le cas, elle a dû remonter les bretelles d’un des garçons. Ce qui se traduirait par, lui foutre la raclée du siècle devant tous ses amis. Depuis, personne ne l’embête ici. Personne n’a envie de perdre quoi que ce soit après tout…

Elle retrouve le réfectoire sans trop de problèmes, après tout, est-ce que ce n’est pas censé être sa deuxième maison ? Il n’y a personne mais elle n’a pas de mal à entendre ce bruit de fond. Elle n’est pas certaine qu’elle devrait aller vers la source du bruit mais ses jambes l’y conduisent malgré elle. Puis là alors, elle oublie tout ce qu’elle aurait voulu dire ;

Lou – Excusez-moi, elle dit en passant sa main dans ses cheveux. Une voix dans sa tête lui dit que le vouvoiement ne lui va tellement pas mais elle poursuit. Je suis de l’autre bloc elle dit en pointant distraitement la directement J’étais en train de m’occuper de quelque chose d’important à l’infirmerie et j’ai raté l’heure du déjeuner alors je me demandais… Je me demandais si j’étais arrivée trop tard ici aussi…

Une moue se dessine sur son visage sans qu’elle ne s’en aperçoive, elle finit alors par le regarder.

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