La musique bourdonne dans ses oreilles.  Il fait chaud.  Un peu trop chaud, mais il garde toujours un bras passé autour des hanches pulpeuses de la jeune femme qui minaude à son bras, sous les regards jaloux de plus d'un garçon.  Et tout ça, il le sait.  Mais personne n'oserait lever le doigt sur elle, ils ne peuvent que se contenter de regarder avec envie.  Et rien que pour montrer qu'elle lui appartient, il pose un baiser sauvage sur ses lèvres, la prenant de surprise.  Même s'il n'est pas tendre avec elle, elle ne résiste pas et répond goulument à son baiser.  Il met brusquement fin au contact pour s'allumer une cigarette et agite la main pour attirer l'attention d'un de ses mignons.  « À boire.  Et je veux pas de connerie comme la dernière fois, parce que j'aurai pas de patience pour tes bêtises. »  Un sourire mauvais étire ses lèvres.  Il empeste déjà l'alcool.  Pourtant ça ne l'empêche pas d'en redemander.  Et du fort.

Des verres plus tard, il se lève.  Ses yeux brillent encore de vivacité, il sait ce qu'il fait.  Les autres sont presque tous écrasés sur le sol, comme des larves.  Il ne se soucie pas des corps endormis sous son passage, écrasant une main, un doigt, un pied.  Tout ce qui se trouve sur son chemin y passe.  Il atteint l'autre bout de la pièce sous les gémissements de ses pauvres victimes.  Ça ne lui fait pas un pli, il sait ce qu'il veut.  Il l'a vue.  Elle l'a quitté pour aller à la salle de bain, sûrement pour retoucher son maquillage, mais elle n'est pas revenue.  Elle est restée avec d'autres de ses amis plus loin.  Et ça lui a pas plu.  Maintenant que tout le monde s'est écroulé, maintenant qu'il peut marcher sans avoir à bousculer tout le monde, il est temps de régler ses comptes.

Elle dort. On dirait Aurore dans la belle au bois dormant, paisible, un léger sourire aux lèvres.  Il ne sait pas à quoi elle rêve, même qu'il s'en fiche pas mal.  Il lève la jambe pour la frapper de la pointe de sa chaussure dans les côtes.  Elle marmonne dans son sommeil sans toutefois quitter les bras de Morphée.  Puisque la manière douce ne fonctionne pas, il agrippe une poignée de ses cheveux et lève brusquement sa tête.  « Aie! »  Elle geigne comme une sale mioche et ça l'énerve.  « Ta gueule!  Ferme-là! »  Elle continue à couiner, mais elle ne dit plus un mot.  Elle sait ce qui va arriver, ce n'est pas la première fois.  Si elle ose lever la voix, ça sera pire, alors elle se recroqueville sur elle-même et reste docile.  Il tire encore un peu sur ses cheveux, dirigeant son joli minois vers lui, plongeant ses yeux dans les siens.  « Comme ça, on se permet de butiner à gauche et à droite? »  Elle secoue la tête.  Et ce qu'il voit dans ses yeux l'empli de satisfaction.

De la terreur.

« Menteuse.  Pourquoi tu mens toujours? »  Il cherche à la provoquer.  Un rien suffira, un rien justifiera.  « Mais non, je...  »  Sa main vole et rencontre la joue de la jeune femme dans un bruit sonore.  « Qu'est-ce que je t'ai dit! Boucle-là! »  Les longs doigts fins de la jeune fille se pose sur sa joue toute rouge.  « T'as encore bu comme un idiot!  T'es rien qu'un crétin fini!  Tu sais rien faire d'autre que jouer de tes poings?  Raté de mes... »  Une fois de trop elle a ouvert la bouche.  Il la tire par le bras pour la mettre debout.  Et cogne.  Cogne.  Cogne.  Comme un fou.  Il se défoule sur elle alors qu'elle essaie de se protéger des coups avec ses bras frêles.  « Arrête pitié!  Arrête! Tu me fais mal! »  Ses supplications l'excite encore plus et il frappe jusqu'à ce qu'elle soit à ses pieds.  Il se penche alors vers elle.  « Tu vas pas me quitter hein?  Toi et moi, c'est toujours. »  Elle hoche la tête entre ses pleurs et il caresse doucement sa tête, avec une gentillesse qui contraste avec la violence qui vient de précéder.  Puis il laisse tomber sa main le long de son corps et s'éloigne d'elle, créature vautrée sur elle-même, sanglotante.  Et il se dit qu'elle est vraiment répugnante.  Comme Elle.