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there is no rules

Coup après coup, il semblait ne pas pouvoir fatiguer. Il avait une aisance dans ses gestes qui était presque surprenante. Long pouvait enchainer les coups de poings, comme les coups de pieds, et à le regarder, ses mouvements avaient l’air tout simplement faciles. Pourtant, la violence de ceux-ci était sans nom. Dans la zone d’entraînement, le jeune homme pouvait dépenser des heures et des heures durant son énergie. Ou sa colère. Il ne comptait plus les fois où les problèmes lui avaient collé à la peau parce qu’il avait frappé un tel ou un tel. La stupidité ne faisait pas partie de sa personnalité cependant, alors, quand bien même il ressentait de la colère, de la haine, ou de la rage, il faisait au mieux pour garder ça en lui, et ne le relâcher qu’une fois dans cette zone du campement. Le bâtisseur, pour se défouler, taillait un grand bloc de bois, parfois plus haut que lui, et le plantait dans le sol, afin de pouvoir le ruer de coups. C’était instinctif. Ce n’était pas juste de ces coups que l’on donne parce que l’on est frustré ; Long savait frapper. Correctement, précisément, et violemment. Si à le voir, on pourrait penser qu’il était agile, les coups laissaient des traces sur le bois frais et ferme. A croire que dans son ancienne vie, il a été adepte aux gymnases, ou doujos, ou quelque centre d’art martial. Des éclats volaient parfois. Et il ne s’arrêtait que lorsque le bois cédait. Ainsi, il pouvait aller se laver serein ; et se coucher en paix.

Il fit quelques pas en arrière, sentant la sueur couler le long de sa mâchoire, le long de son cou, il prit de l’élan, et fit un saut, ses mains prenant appui sur le tronc d’arbre pour se hisser sur celui-ci, et s’y asseoir pour un moment de pause. Sa respiration était saccadée, ses mains rouges par l’effort. Pourtant, il n’en ressentait aucune douleur. Quelques échardes s’étaient plantées dans sa peau, et il les retira rapidement. Long leva alors la tête, il avait entendu un bruit, ou du moins, il était sûr qu’il avait entendu quelqu’un approcher. Il vit des cheveux qui lui semblaient familiers entre les arbres, et, un petit sourire narquois se dessina sur ses lèvres ; soudainement, il retira son haut et l’envoya valser au sol.

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DON'T WANNA PLAY WITH YOU

Je ne sais pas vraiment ce qui m'a conduit à me rendre dans la zone d'entraînement aujourd'hui, non vraiment je ne vois pas. Tout ce que je sais c'est que je n'ai pas spécialement besoin de m'entraîner à quoi que ce soit pour le moment, ou du moins je n'en vois pas l'intérêt. Je peux paraître assez flemmard comme ça, mais je n'ai pas envie de me dépenser pour rien, mon poste de sarcleur me demande déjà pas mal d'énergie au quotidien. Mais disons qu'un bruit a attiré mon attention et m'a poussé à faire mon petit curieux, alors qu'à la base je cherchais surtout à me poser tranquillement dans la forêt. Et j'ignore si j'ai bien fait d'y aller parce qu'en découvrant qui se cache derrière tout ce boucan, je ne peux m'empêcher de grimacer et de rouler des yeux. J'aperçois Long, fucking Long, s'acharner sur un pauvre bloc de bois à coups de poings précis et assez violents. Et même si j'ai beau trouver ça un peu flippant de le voir comme ça, je me surprends à avoir le souffle coupé et je n'arrive pas à détacher mon regard de ce que j'ai en face de moi. Sincèrement, je m'en veux d'être dans cet état à chaque fois que je me retrouve de près ou de loin avec lui, mais c'est plus fort que moi, et ce depuis son arrivée dans le bloc. Mais alors que je suis quelque peu perdu dans mes pensées, je ne remarque pas tout de suite qu'il a arrêté de "s'entraîner". Bon, je devrais peut-être partir, il n'y a plus rien à voir... crack Et merde. Moi qui avais tout fait pour rester discret jusque là, il fallait que je marche sur des branches de bois au moment de partir. Bien joué Jag. Le bruit semble d'ailleurs s'être répandu jusqu'aux oreilles de Long puisque ce dernier relève sa tête. Il m'a vu, j'en suis persuadé. Il ne me reste plus qu'à prendre sur moi et à sortir de ma cachette pour l'affronter, ce que je finis par faire. Mais au même moment, et parce qu'aujourd'hui on semble vouloir me tester, Long décide de retirer soudainement son haut, comme ça. Comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. Comme s'il avait le droit de (me) faire ça. Pour le coup il m'a saoulé et c'est d'un pas nonchalant et d'un air blasé que je le rejoins dans son coin, avant de croiser les bras lorsque je me retrouve face à lui. « Tu cherches à prouver quelque chose à quelqu'un ? » Je lui balance alors avec sarcasme. Non sérieusement, qu'est-ce que je fais là ?

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there is no rules

Le sourire qui s’était affiché sur son visage s’estompa rapidement, retrouvant ainsi sa dureté et indifférence habituelle. Son t-shirt gisait au sol, et il prit une longue inspiration avant de descendre de son tronc d’arbre. Il étira les bras, passant une main dans ses cheveux humides, sentant la sueur couler encore le long de son dos, là où un tatouage recouvrait sa peau. Il était temps de s’amuser, sa colère se dissiperait ainsi. Au début, si Long s’était approché de Jagger ; c’était surtout parce qu’il était le seul à bien vouloir essayer de comprendre ce qu’il disait. Le livre de poche que Long avait sur lui en arrivant était utile, mais jusqu’à une certaine limite. Tout ne pouvait pas être dit avec ce qu’il avait écrit. Avec l’aide de Jagger, le cadet avait été capable de remplir un peu plus son cahier de vocabulaire, et surtout, de pouvoir s’exprimer oralement. Long est l’un des rares à parler avec un fort accent désormais, et dont la grammaire n’est pas toujours exacte, mais au moins, on le comprend. Du coup, il parlait peu, souvent avec des phrases courtes.

Maintenant, Jagger n’était plus son interprète si on pouvait dire ça, mais, Long adorait jouer avec sa patience. Il avait remarqué que le plus âgé n’était pas tout à fait serein quand il était dans les parages. Et puis ; faut le dire, Jagger était très loin d’être désagréable à regarder, pour être modeste. Combien de temps cela faisait-il que Jagger le regardait ? Ca l’intriguait. Il venait de croiser les bras devant lui, montrant son mécontentement soudain. Intérieurement, Long en riait. « J’ai rien à prouver. » Long approchait de lui, s’amusant à le détailler. Ce serait mentir que de dire qu’il n’avait jamais pensé à le « manger ». La respiration du jeune homme revenait enfin à la normale. « Tu regardais quoi ? Moi ? » Long se pointa du doigt, un sourire malsain tirant le bout de ses lèvres.

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DON'T WANNA PLAY WITH YOU

C'est fou comme j'ai tendance à perdre toute répartie et toute crédibilité face à ce type. Peu importent mes efforts, je ne ferais jamais le poids contre lui et il trouvera toujours quelque chose à répondre pour me clouer le bec. Là par exemple, je ne sais plus quoi lui dire et il le sait très bien. Déjà parce que de un, il m'a surpris en train de le mater de loin, entre deux arbres, tel un vieux pervers en manque. Et de deux, parce qu'il a compris l'effet qu'il avait sur moi et je pense qu'il en joue désormais. Pourtant, ça n'a pas toujours été comme ça entre nous. A son arrivée, je me souviens d'un Long un peu paumé, qui parlait une langue étrangère et qui avait du mal à se faire comprendre et à communiquer avec les autres. Je me souviens aussi m'être porté volontaire pour l'aider, parce qu'il m'avait plu physiquement dès le début et que je m'étais dis que ça ne pouvait pas me faire de mal de me la jouer amical pour apprendre à le connaître. Mais quelques années plus tard, je m'en mords clairement les doigts. Parce qu'entre temps, j'ai eu l'occasion de me rapprocher un peu de lui sans pour autant réussir à le cerner complètement, et disons que mes doutes ont fini par se confirmer jusqu'à la conclusion suivante : Long m'intrigue, pour ne pas dire qu'il me plaît. Et ça m'énerve, clairement. Surtout que j'ai conscience de ne pas être très subtil lorsque je me trouve quelque part en sa compagnie. Je suis tellement foutu. « Je me demandais c'que ce pauvre bloc de bois t'avait fait pour que tu le massacres aussi violemment. » Le ton de ma voix se veut neutre, tandis que je ne change pas de position, restant fermement les bras croisés. J'ai envie de lui faire bouffer son sourire en coin, il n'a pas le droit. « Tu devrais remettre ton haut, tu vas attraper froid. » J'ajoute ensuite l'air de rien. Tu devrais remettre ton haut, que je puisse enfin respirer normalement et te regarder dans les yeux sans rougir.

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there is no rules

« Je pense que le bloc est quelqu’un, et le frapper comme ça, ça me calme. » La formulation n’était pas correcte, mais l’idée y était. Il valait mieux visualiser celui ou celle qui a fait naître l’élan de colère du jeune homme sur ce bloc de bois, ou sur un sac de terre, ou n’importe quelle autre chose contre laquelle il pouvait se défouler. Si Long avait connaissance de ce qu’est que la méditation, peut-être qu’il s’y essaierait. Il est conscient que sa colère prend le dessus sur lui-même, et parfois, quelques fois avant de se coucher, il se demande ce qu’il a bien pu faire dans le passé, ou ce qu’il a bien pu se passer dans le passé, pour qu’il soit ainsi aujourd’hui. A moins que l’on naisse colérique… ? Il ne savait pas. Mais, il y remédiait comme il le pouvait ; pour ne pas se retrouver en cage principalement.

Long leva quelque peu le menton, fronçant les sourcils, avant de nier de la tête. « Chaud. J’ai trop chaud. » Et c’était vrai, si sa respiration était revenue à la normale, son corps lui, pourrait fondre la neige avec aise. Cependant, il tourna le dos au sarcleur, lui laissant la liberté de regarder le dessin sur sa peau, et il ramassa son t-shirt, non pas pour l’enfiler, mais pour s’essuyer le visage avec, posant ensuite le vêtement autour de son cou. Puis, quelque part près des buissons, il avait laissé une gourde remplie d’eau, et il en prit une gorgée. « Tu as de la peine pour le bois maintenant ? » Dit-il avec ironie. Ou comment lui faire savoir que la réponse précédente, la réponse à la question que Long lui avait posée ne l’avait pas convaincu. « Je ne dirai rien, si tu avoues que c’est moi que tu regardes. » Le langage qu’il utilise a beau grammaticalement faux, le ton et l’expression de son visage, finiront toujours par faire comprendre et transmettre ce qu’il entend, ou sous entend. Il rit quelque peu, ne quittant pas Jagger du regard. Il se demandait bien quelle était la limite du supportable chez le sarcleur. Et il finirait par la savoir.

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Plus j'écoute Long parler, plus je me rends compte à quel point il a progressé depuis son arrivée ici. Outre le fait qu'il m'exaspère au plus haut point, je dois constater qu'il a fait beaucoup d'efforts pour apprendre la langue et je le respecte beaucoup pour ça. Il a débarqué avec un sacré handicap et aujourd'hui tout le monde arrive plus ou moins à le comprendre, même si certaines prononciations ne sont pas encore tout à fait exactes. D'un autre côté, je trouve ça assez mignon et... Non. Non, stop. Je ne trouve pas ça mignon du tout, aaaargh. Je me rends compte que je suis en effet foutu de chez foutu et cette simple pensée me fait soupirer, mais je n'ai pas trop le temps de m'y attarder puisque Long n'a pas l'air d'en avoir fini avec moi. Je me demande d'ailleurs jusqu'où on va bien pouvoir aller comme ça et jusqu'où il compte me garder ici, parce que si ça ne tenait qu'à moi ce serait déjà terminé depuis longtemps. Je n'ai pas la tête à jouer avec lui, merde j'aurais du m'en aller à la seconde où je l'ai aperçu s'entraîner. Mais non, au lieu de ça je rentre quand même dans son jeu parce que c'est plus fort que moi. « Tu es un peu flippant quand tu frappes du bois, on te l'a déjà dit ? J'aimerais pas être celui à qui tu penses quand tu fais ça. » Je rétorque d'un ton sarcastique, sans quitter le blond des yeux. « Puis si tu veux tout savoir, oui, c'est toi que je regardais. T'es content, tu te sens fier ? » Je suis agacé, il m'agace. Et en plus il n'a toujours pas remis son foutu haut.

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there is no rules

« On le dit souvent, que je suis flippant. J’aime bien, faire peur. » Il s’était habitué à cette réputation, et quelque part, il l’appréciait. Ainsi, on ne le défiait pas, ainsi, on ne le cherchait pas. Long avait l’âme d’un bagarreur, il avait une aura de leader. Il lui était impossible de rester calme, il lui était impossible de fermer sa gueule, et surtout, il lui était impossible de cacher ce qu’il pensait. La manipulation fait partie de ses aptitudes, mais, il l’utilise rarement. Pourquoi cacher ses intentions lorsque l’on peut les étaler ? Ah, oui, pour rendre fou quelqu’un, comme il était en train de le faire avec Jagger.

Long hausse les épaules, souriant toujours aussi narquois, comme seul lui sait le faire. « Content ? Fier ? » Il mit un peu de temps à replacer ces mots, mais il nia rapidement de la tête quand il comprit. « Pas trop. Mais c’est bien de savoir que tu me regardes. Tu regardes d’autres aussi ? » Pique suivante, lancée. Long n’était pas du genre à s’arrêter facilement. Même qu’il avance à nouveau vers Jagger. Il approche, presque félin, comme un prédateur qui encercle et observe sa proie. Oui, son aîné était devenu une proie pour lui, et tôt ou tard, il se déciderait à l’attraper. A peine une dizaine de centimètres les séparaient désormais, et il le détailla encore, comme s’il le mettait à nu sous son regard. « Pourquoi tu me regardes ? » Il voulait une raison maintenant, il voulait entendre de sa voix, la raison de cet engouement.

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SOUVENIR DE LONG

« Regardes, ce que j’ai trouvé pour toi ! », s’écrie une voix familière. Le jeune homme se retourne pour apercevoir la personne à qui appartient cette voix. Une personne qui lui est chère, mais à laquelle pourtant il n’adresse aucun sourire, ne montre aucun signe d’amour. Il la regarde simplement, avec un air impassible, détaché. « Tu viens encore m’embêter.. », il répond d’une voix calme, dans sa propre langue, même s’il sait qu’elle n’y comprendra rien. Alors elle s’approche de lui, tandis qu’il lui tourne le dos, et passe ses bras par dessus ses épaules, nichant sa tête sur son épaule. Il pose les yeux sur elle, n’aimant pas cette proximité soudaine qu’elle crée entre eux. Si on les vois, il va encore s’en prendre plein la gueule. La jeune file agite un livre devant son visage. « Tadaaaaam ! » Assis à son bureau, il observait la dague qu’il avait volé à son père. Ses yeux se posent alors sur le bouquin qu’elle agite devant lui, et il y déchiffre « parler le coréen » écrit en mandarin. Se dégageant de l’emprise de la jeune fille, il se retourne sur sa chaise pour lui faire face et fronce les sourcils en secouant la tête. Elle se met à sourire tout en hochant la tête. Elle va insister pour qu’il le prenne. Il le sait. Il n’a pas le choix. Il tend donc la main et s’empare du livre avant de lui sourire. « T’es vraiment têtue. » La jeune fille sourit en hochant la tête. Elle n’a pas compris ce qu’il vient de dire.

N.B. : Vous reconnaissez votre livre.

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DON'T WANNA PLAY WITH YOU

J'ai envie de partir, de me barrer très très loin de cet endroit et de ce gars. Ça serait tellement plus facile pour moi de m'éloigner de lui et de son air condescendant qui me donne envie de le cogner. Si j'étais aussi bagarreur que lui, bien sûr. Parce que franchement, qu'on se le dise, je serais incapable de frapper quelqu'un pour le simple plaisir de frapper quelqu'un. Ce n'est pas trop mon truc de me battre de toute manière, je suis de ceux qui préfèrent parler d'abord. C'est moins cool, mais je m'en fous. Quoi qu'il en soit, je me rends bien compte à présent que Long est assez spécial, mais je ne sais pas encore si c'est une bonne ou une mauvaise chose. Il a ce côté intimidant qu'il aime beaucoup mettre en avant, d'après ce que j'ai pu voir, mais ça ne m'empêche pas de vouloir me rapprocher de lui. Jusqu'où ? Je ne le sais même pas moi-même. En tout cas ce qui est sûr, c'est que sur le moment, ses questions me prennent un peu au dépourvu et je ne sais pas quoi répondre. Tu regardes d’autres aussi ? Pourquoi tu me regardes ? Entre temps j'ai remarqué qu'il s'est approché de moi et il me regarde assez intensément si je suis dire. Je ne dois pas flancher, garde le menton relevé Jagger. Bien, comme ça. « Ça dépend de ce que tu entends par regarder, en fait. Parce qu'il y a tellement de personnes à regarder ici. » Je réponds finalement, avant d'ajouter l'air de rien. « **Tu ne me demanderais pas plutôt si je mate d'autres personnes que toi ? » Putain. J'étais bien parti, vraiment, mais je viens de me cramer tout seul en affirmant bêtement qu'il m'arrive de mater Long. Peut-être qu'il ne fera pas la différence, du moins espérons-le. « Je ne te regarde pas tant que ça, Long. Je ne sais même pas pourquoi je le fais d'ailleurs.** » Je me mets à croiser les bras en fronçant légèrement les sourcils, car ce petit jeu commence sérieusement à me gonfler.

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there is no rules

Dis-le. Assume-le. Avoue-le. Long pouvait le voir clairement sur le visage de son aîné, et pourtant, cette douce forme de torture l’excitait. Ça le faisait jubiler intérieurement. Des fois, il n’était pas nécessaire de donner des coups pour agacer quelqu’un, ni insulter qui que ce soit. Il suffit de trouver la petite bête, et de la remuer sans cesse devant les yeux de la victime. Ce qui était bien avec Jagger, c’est que la petite bête était plutôt grande, et prenait de la place, donc pas besoin de faire énormément d’efforts pour la faire voir. Il lui suffisait de sourire pour que Jagger soit déstabilisé. « Mater ». C’était ça, c’était ce mot là qu’il cherchait, mais, pas besoin de s’en servir, le sarcleur venait tout simplement de se vendre. Ce qui arracha un rire à Long, son rire aigu et amusé. L’étranger finit par poser ses mains sur les épaules de son aîné, approchant encore. « Parce que je suis sexy sans t-shirt. ». Avant même que Jagger ait pu réagir, le blond avait planté ses lèvres sur la joue gauche du sarcleur, avant de se reculer en vitesse, sait-on jamais qu’il puisse s’en prendre une.

Son sourire moqueur ne quittait pas ses lèvres, et son regard restait fixe sur Jagger. Le rendre fou était tout de même un de ses meilleurs passe-temps. Il aimait se rendre compte de l’emprise qu’il avait sur son aîné. Les choses avaient bien changé en trois ans. Long était persuadé qu’il fixait l’autre jeune homme. Pourtant, tout à coup, il ne voyait plus les arbres, et la terre, et le bloc. Jagger n’était plus dans son champ de vision, une fille apparut. Le visage de l’étranger se tordit en une grimace de douleur, alors qu’il se prit la tête entre les mains. Malgré cette sensation, malgré l’impression d’avoir une lame traversant son cerveau, il demeura debout, il demeura le plus droit possible, et les yeux grands ouverts. Le jeune homme tenait à voir cette hallucination jusqu’au bout. Elle ne le comprenait pas. Comme les garçons ici quand il était arrivé. Il ne la comprenait pas non plus. Enfin, maintenant si, mais, dans cette vision, il avait l’impression de ne pas comprendre. Et peu à peu, les arbres reprirent leur position, le bureau disparut, alors que Jagger réapparut en face de lui. Sa respiration s’était accélérée, et la douleur à son crâne s’apparentait plus à une légère migraine maintenant. « C’était quoi ça… ? »

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Je constate que Long se permet de plus en plus de choses avec moi, et ça ne va pas du tout. Il n'a pas le droit de prendre autant ses aises et de déposer un baiser sur ma joue putain, c'est trop facile. Franchement, si on avait été proches durant ces dernières années, j'aurais pu le considérer comme un ami et un geste pareil aurait pu passer. Mais non, on n'est pas amis. Je ne sais même pas ce qu'on est, nos rapports sont assez flous, mis à part qu'aujourd'hui il semble encore vouloir s'amuser avec moi et voir jusqu'où il peut tester ma patience. Mais j'en ai marre de jouer, sérieusement. Il me fait tourner en bourrique en sachant pertinemment qu'il ne m'est pas indifférent. Ça y est, je l'ai dit, je l'avoue. Long me plaît. Mais dans un contexte pareil, je me demande si ça en vaut vraiment la peine car j'ai bien cerné le personnage à présent, et je ne suis pas sûr de vouloir ça. Tomber amoureux, ce genre de choses. De toute façon j'en suis encore bien loin, il ne s'agit là que d'une simple attirance. Mais quand même, ce petit jeu me tape vraiment sur les nerfs, il dure depuis bien trop longtemps. J'ai l'impression d'être sa distraction du moment et qu'il ne va pas tarder à se chercher une nouvelle cible à embêter. Je ne relève d'ailleurs pas sa réponse pour ne pas lui donner satisfaction car oui, Monsieur est sexy sans t-shirt. Au lieu de ça, je me dégage doucement de son emprise en levant les yeux au ciel, mais alors que je me demande ce que je fais encore là, je le vois qui affiche une soudaine grimace. Son expression devient ensuite indéchiffrable mais il m'a l'air ailleurs, comme perdu dans ses pensées. Il ne m'en faut pas plus pour comprendre, l'ayant vécu moi-même il n'y a pas si longtemps. « On dirait que tu viens de te souvenir de quelque chose, en tout cas ça m'en a tout l'air. » Je me mordille ensuite la lèvre assez nerveusement, avant de lui demander d'une voix calme. « Tu veux m'en parler ? »

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Le souvenir était court. La scène qu’il venait de voir était courte. Et pourtant, il avait l’impression qu’il y avait beaucoup trop d’informations dans ce qu’il venait de voir. D’ailleurs, était-ce vraiment un souvenir ? N’était-ce pas plutôt une hallucination ? Il y avait quoi dans l’air du labyrinthe ? Encore une de ces éléments étranges qui rendaient les gens malades ? Long finit par s’asseoir à même le sol, en tailleur, fermant les yeux en prenant à nouveau sa tête entre ses mains. Ça faisait mal. Ça faisait extrêmement mal. Et pourtant, on était loin de le savoir douillet. Pourtant, il aurait préféré mille et une fois qu’on le tabasse plutôt que de vivre ça. Le livre. C’était elle qui lui avait donné. Mais pourquoi ? Ils ne se comprenaient pas pour parler, mais, ils semblaient se connaître. Pourquoi ça n’avait pas plutôt été elle qui avait cherché à apprendre la langue que lui parlait ? Et puis la dague, la dague aussi apparaissait dans ce qu’il avait vu.

Long rouvrit les yeux en entendant la voix de Jagger. Se souvenir de quelque chose… Ce n’était donc pas une hallucination… Ce qu’il avait vu s’est réellement produit, ça a réellement eu lieu. Mais quand ? Et où ? Le blond tenait toujours sa tête, fixant le sol. « Il y a une fille. Elle m’aime bien… je crois. » Trouver les bons mots lui semblait bien plus compliqué que d’habitude. Il avait encore mal au crâne, ça ne cessait de taper contre ses tempes, mais, en parler n’était pas une mauvaise idée. Et ce n’était pas Jagger qui allait raconter au bloc entier ce qu’il venait de se passer dans les bois. « Elle est comme toi. Elle parle pas comme moi. Elle veut que je parle comme elle. » Oui, la comparer à Jagger était plus simple, il comprendrait ce qu’il sous entendait ; qu’elle voulait lui apprendre sa langue. « Tu sais mon livre ? » Oui le livre où Long avait obligé à Jagger à écrire les mots qu’il lui apprenait. « Elle me le donne. Et ma lame, je la vole à mon père. » Long avait cette manie de parler au présent pour tout, parce que c’était plus simple, mais il espérait que son aîné ait tout saisi cette fois.

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DON'T WANNA PLAY WITH YOU

Voir Long dans cet état alors que deux minutes avant il me taquinait encore me fait quelque chose, et je ne peux m'empêcher de me rapprocher de lui pour poser délicatement ma main sur son épaule. Comme pur lui dire "je sais ce que tu ressens, je suis passé par là moi aussi". Mais au lieu de dire quoi que ce soit, je l'écoute me parler, tandis que je finis par m'installer en tailleur par terre, à ses côtés. Toute mon attention se porte à nouveau sur Long et j'imprime petit à petit les informations qu'il me communique tant bien que mal. Je dois sans doute faire partie des personnes qui le comprennent le mieux au sein du labyrinthe et rien que ça aurait pu me rapprocher davantage de lui. Mais au jour d'aujourd'hui, je me rends compte que je ne connais pas grand chose de ce personnage, alors le fait qu'il se livre à moi sur ce qui semble être son premier souvenir me touche. Je le sens un petit peu vulnérable et plus accessible surtout. Sans que je m'en sois rendu compte tout de suite, ma main a glissé de son épaule à son bras pour ensuite se poser sur son poignet, alors que je le regarde dans les yeux. Il ne manquerait plus que je lui prenne la main, tiens. « Tu n'en sais pas plus sur la fille ? » Je demande après m'être légèrement raclé la gorge. J'aurais pu lui poser des questions à propos du livre, ou de son père, ou de la lame. Mais non, il a fallu que je lui demande pour la fille, parce que c'est tout ce qui m'intéresse et je crains. Je crains beaucoup beaucoup même. Finalement, je décide de me lever et de changer de sujet, parce que la situation ne me met pas franchement à l'aise et j'ai peur de ne plus savoir quoi dire à Long. « Et si on retournait au camp ? On pourrait aller manger un truc pour te changer les idées ? » Ça doit faire un bon moment qu'on traîne dans la zone d'entraînement.

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Jagger

Un billet d'avion à destination des États Unis, les bords sont pliés comme si on avait jouer avec.

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